Comme un samedi où ça me dit rien avec un rendez-vous manqué, un temps triste comme moi, aucune envie de travailler, j’avais prévu un diner le soir dans un restaurant Thaï où j’allais parfois avec petite Marie partie trop tôt. Alors, à la fin du repas lorsque le serveur est venu me demander si j’étais une amie de Mlle Marie et qu’il m’a présenté ses condoléances, mes larmes de crocodiles sont arrivées. Je suis partie du restaurant avec une autre amie en pleurant. Je ne sais pas ce qu’ont libéré ces larmes, mais juste après j’ai eu envie de rire, mais vraiment, je me sentais bien. Mon amie me reparlait de la défaite de François Bayrou dernièrement et je n’arrivais pas à l’écouter, j’avais envie de rire (en même temps…François Bayrou…) Il faisait bon dans Paris vers 21 h et j’avais envie de rire tout en repensant à l’aspect libérateur des larmes écoulées. Je décidais de marcher un peu vers Bastille avant de reprendre le métro. Alors, quand un homme m’a interpellée devant l’Opéra-Bastille, j’ai encore pensé aux trois options possibles récurrentes : 1- encore un qui a perdu son chemin, 2- encore un qui me prend pour sa mère, 3- encore un qui a remarqué mon aura transcendantale mais là ce n’est pas de sa faute. Mais je l’ai écouté, je crois que je donne toujours une chance aux gens (pourquoi est-ce que je m’arrête toujours ? comme si je ne voulais pas abandonner l’autre ? – j’en parlerais à mon psy bientôt). Je l’ai écouté ce monsieur non avenant mais très gentil : Lui : « Voila, je sors du premier acte de « Billy Budd » de Benjamin Britten, c’est l’entracte, voici mon billet avec le ticket de sortie, je voudrais donner la place à quelqu’un d’autre ». Moi (incrédule encore) : « Heu oui, mais pourquoi vous ne restez pas ? Lui : « Vous savez à mon âge, on se couche tôt et puis ça ne m’intéresse pas. Je donne la place gratuitement. » Moi : « Ah ? Heu, bon d’accord, vous êtes sûr ? » Lui : « Oui, mais allez y maintenant, vous allez rentrez tout de suite. »
J’ai hésité quelques secondes, je l’ai remercié et environ 3 minutes après, après avoir couru et grimpé les marches de l’Opéra-Bastille, j’expliquais à ma voisine curieuse et intriguée de voir son voisin bedonnant remplacé par moi-même que je venais d’accepter la place. Une place à 138 euros à l’Opéra-Bastille pour une dernière, même si on raté le premier acte, ça ne se rate pas. Le décor était magnifique, et puis avant de partir le gentil monsieur m’avait résumé l’histoire (un gentil innocent et des méchants sont sur un bateau ), j’ai passé le reste de la soirée avec un léger sourire aux lèvres amusée en pensant que la vie est surprenante parfois…à moins que ce ne soit moi qui me laisse surprendre par la vie ? Oui, c’est ça en fait : il faut se laisser surprendre par la vie. Toujours.