Devinette brulante pour la journée mondiale anti-tabac | la maison du cancer

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Qui a chanté ? « L’amour c’est comme une cigarette Ça brûle et ça monte à la tête Quand on ne peut plus s’en passer Tout ça s’envole en fumée. L’amour c’est comme une cigarette Ça flambe comme une allumette Ça pique les yeux ça fait pleurer

Et ça s’envole en fumée. »

Voila, c’était ma contribution à la journée mondiale anti-tabac.
Dans le passé, j’ai fait beaucoup de prévention et de conseils à l’arrêt : dans des lycées, des collèges, dans un très beau jardin éphémère sur le parvis de l’hôtel de ville, au journal Le Monde, à France 2, dans le métro le 31 mai. Puis j’ai fait de la prévention amicale lorsque mes amis me présentaient quelqu’un « ah tiens, Igor fume, tu ne veux pas le conseiller pour arrêter ! » mais Igor ne demandait pas à arrêter ! Alors, « Igor, je t’adore, arrête de fumer nom d’une pipe ! » Bon, disons que je faisais un tabac et que je me suis lassée. Mais j’ai trouvé ça passionnant en termes d’échanges, de rencontres, de chercher l’origine de l’addiction ou le « pourquoi » de la rechute cinq ans après l’arrêt : souvent, une dépression, un deuil, un problème et la cigarette doudou, récompense, réconfortante revenait. D’autres personnes ne savaient pas pourquoi elles fumaient. D’autres avaient juste besoin d’être encouragées, que quelqu’un leur dise comme un parent « mais oui, mon petit, tu vas y arriver ». Les femmes ont peur de grossir, certaines préfèrent continuer à fumer que de prendre quelques kilos inévitables mais gérables en faisant du sport. C’est vrai qu’un poumon en moins, ça doit peser moins lourd sur la balance. J’ai aussi compris qu’on ne pouvait pas tout faire en même temps. Beaucoup de journalistes fument en travaillant : l’un deux venait d’arrêter la cocaïne, je lui ai conseillé de continuer la clope parce que psychologiquement une grande fragilité émanait de sa personne. Mais je me souviens de cet homme qui marqua mon esprit : lui aussi travaillait dans un grand journal vespéral, il nous avait interpellé par sa grande maigreur, sa blancheur et un état extrême de fatigue. Il expliquait que lui et sa femme fumaient tous les deux et qu’il était inquiet pour sa fille car sa femme avait acheté une machine à fabriquer des cigarettes et préférait acheter du tabac que de la nourriture car, lui avait-elle dit « la faim, c’est dans la tête », là, j’avoue que je me suis sentie bien démunie…envolées mes certitudes. Dernièrement, un ami me disait qu’il avait commencé à fumer tard, vers la trentaine, et que désormais pour travailler, pour écrire, il en avait besoin, il se rendait compte que la qualité de ses écrits différaient selon qu’ils étaient réalisés avec ou sans cigarette. Et surtout, « il adore fumer », il fait donc parti des fumeurs pour qui la cigarette est un plaisir, ce qui n’est pas le cas de tous les fumeurs. Evoquant mon cancer, il me disait qu’à ma place, s’il avait été malade, il aurait arrêté tout de suite de fumer et je m’étais demandé s’il fallait avoir été malade pour faire plus grand cas de sa santé. Chacun choisit car fumer est un choix, au départ. Quand j’avais quatorze ans, j’ai du faire ce choix là, inconscient, de ne pas fumer. Mon père venait de décéder d’un arrêt cardiaque, il fumait deux paquets de gitanes par jour. A trente-neuf ans. Trop jeune pour mourir. Je crois que je vais continuer mon addiction à l’amour, l’amour du chocolat bien entendu.