Chercheurs/malades : un dialogue très ouvert | la maison du cancer

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L’Association Pour la Recherche sur le Cancer avait organisé le 4 février un « Grand Direct » permettant au public de questionner des chercheurs impliqués dans la lutte contre la maladie. A la fois joignables sur Internet et présents sur des plateaux en « multiplex » (de Paris, Marseille et Lyon) ces professionnels se sont montrés accessibles, engagés, et plutôt rassurants. 

Des chercheurs qui quittent leurs labos et répondent aux questions tous azimuts du grand public ?  L’opération, menée par l’Arc, a été lancée sur Internet le 24 janvier et durera jusqu’au 18 février. Mais l’apogée de cette rencontre entre des scientifiques de pointe et des personnes touchées de prêt ou loin par le cancer a eu lieu vendredi 4 février, à l’occasion de la Journée Mondiale contre le Cancer.

La dizaine de chercheurs « live », présents sur des plateaux à Marseille, Lyon ou Paris, avaient été visiblement choisis avec soin, couvrant à eux tous la grande diversité des cancers. On pouvait questionner là des spécialistes du cancer du sein, des tumeurs cérébrales, de la leucémie, des métastases du foie, du mélanome, de la cancérogenèse, des thérapies ciblées ou des  défenses immunitaires… Où l’on découvrait l’immensité des domaines impliqués dans la recherche contre le cancer. Et leur étonnante vitalité.

Des échanges très vivants

«Ce qu’il y avait de nouveau, explique Catherine, qui était présente sur la plateau parisien, c’était de découvrir que de nombreux chercheurs en cancéro ne sont pas des « rats de laboratoire » mais de réels cliniciens. Cette proximité avec leurs malades les a sûrement amenés à répondre de manière accessible et pédagogique à toutes les questions du public ».

Ces questions, émises par des participants eux-mêmes très diversifiés, elles étaient de toutes sortes : demandes d’informations très « pointues » concernant  les cellules souches ou les thérapies ciblées ;  interrogations plus communes sur l’hormonothérapie ou les risques de récidives…Et parfois même, des questions s’aventurant dans des domaines à la frontière de la science : « certains affirment que le développement des cellules cancéreuses serait du à un choc émotionnel, sa localisation pouvant être d’origine psychosomatique. Qu’en pensez-vous ? »

A ces différents niveaux de questionnement, les chercheurs interrogés ont su répondre. Même lorsque motivé par sa problématique personnelle, un spectateur demandait un avis sur le traitement qu’on lui avait prescrit, ils parvenaient à généraliser leur réponse en évoquant tous les autres protocoles possibles. Ceci afin de toucher un plus large panel de malades.

Des informations précises sur les avancées

Brassage d’idées, échanges constructifs…l’opération a aussi permis de glaner quelques nouvelles encourageantes :  ainsi, des  spécialistes ont affirmé que les recherches sur les thérapies par ultrasons devraient d’ici quelques années permettre de dissoudre en quarante secondes les métastases hépatiques.  Quelques bémols cependant : le chemin est encore long avant de comprendre la cancérogénèse  et de maîtriser les mécanismes qui  amènent  la cellule cancéreuse à essaimer ; quant aux nanotechnologies, les étapes précédant les essais cliniques qui permettront de les rendre opérationnelles contre les cellules cancéreuses, sont encore très nombreuses.

« Voir ces grands professionnels avancer à tout petits pas chacun dans son domaine, mais si nombreux et tous ensemble  dans un même but était vraiment galvanisant, estime Catherine. Je suis sortie de ces heures d’échanges rassurée : on s’occupe de nous ». D’autant que les chercheurs présents ont précisé que, grâce aux nouvelles mesures du plan cancer II, les échanges entre les équipes se sont nettement  améliorées, l’accès aux essais cliniques pour les patients est simplifié et l’arrivée des nouvelles thérapies bien plus rapide. Des bénéfices qui devraient profiter aux malades.

A quand le grand public ?

On regrettera cependant que l’opération n’ait pas attiré un plus grand nombre de participants : une cinquantaine de personnes seulement dans l’amphithéâtre parisien qui aurait pu en contenir trois fois plus !

Il ne reste plus qu’à espérer que l’an prochain, une chaîne de télévision ait l’idée de diffuser ce grand direct en « prime time ». Après tout, avec le nombre de français concernés de prêt ou de loin par la maladie cancéreuse, on imagine que l’audimat pourrait être au plus haut.

Pascale SENK

Pour participer et poser vos questions sur Internet jusqu’au 18 février : le site du Grand Direct ou sur Facebook, onglet “Grand Direct”