Enfin un soutien-gorge pour amazone | la maison du cancer

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Après deux cancers du sein, Catherine Malhouitre  a crée le Souti1©, premier soutien-gorge asymétrique pour femmes opérées. Elle nous explique comment et pourquoi elle l’a conçu pour toutes celles qui, jusqu’à présent, devaient naviguer entre prothèse et nudité.

LMC : Qu’est-ce que le Souti1 ?

Le Souti1 est un soutien-gorge asymétrique conçu pour un seul sein. Il est adapté à la double particularité que connaissent les femmes opérées : soutenir leur  sein devenu unique et dissimuler leur cicatrice. Ce n’est pas une pièce constituée de deux moitiés juxtaposées, l’une plate, l’autre creuse, mais un ensemble qui forme un tout. Quelques soient les mouvements, le sein est toujours confortablement maintenu, sans être entraîné par le poids asymétrique ; la cicatrice reste délicatement protégée, sans que le tissu ne baille. C’est la pièce de lingerie qui nous manquait pour vivre sereinement quelques instants sans prothèse car celle-ci, toute performante soit-elle, n’a pas à être portée en permanence ; le dos supporte très bien une asymétrie passagère, comme par exemple le port d’un sac à main d’un côté. Ce soutien est aussi le droit reconquis de l ‘élégance.

LMC : Pourquoi cette démarche vous a-t-elle semblé indispensable ?

Reapprivoiser mon nouveau corps a pris du temps. Parce que je me croyais isolée, j’ai appris à l’accepter seule et me suis reconstruite mentalement. Malheureusement, il y a une réelle distorsion entre la réalité des femmes opérées et l’information qui est relayée par les professionnels de santé. Et c’est avec un sentiment de désobéissance que j’ai pendant longtemps repoussé les invitations du corps médical à la reconstruction chirurgicale. Dans le même temps, j’ai pu me rendre compte avec surprise de la facilité avec laquelle les autres m’acceptaient. Ma vie de femme était redevenue pleine et entière, dans ma tête, dans mon corps et dans mon lit. Il me manquait l’élégance d’un objet approprié et adapté.

La récidive du cancer sur l’autre sein a été d’une grande violence psychologique. Le cancer est alors entré au cœur de ma vie. J’ai décidé de lui « régler son compte » en m’engageant notamment pour  la visibilité des femmes opérées : j’ai posé pour le photographe Art Myers dans le cadre de l’exposition   « les amazones s’exposent ». Parallèlement, alors que ce n’est pas du tout mon métier, j’ai commencé à développer ce qui n’était alors qu’une idée, le Souti1. Ce petit morceau de tissu représente toute la force de mon engagement et sa dimension sociétale : le cancer ne m’a pris ni ma vie, ni ma féminité.

LMC : Comment est-il perçu par vos premières clientes ?

Ce qui est frappant, c’est que même différentes, les femmes se rejoignent sur un point : leur  sentiment de liberté reconquise. Certaines insistent sur le tout nouveau confort, d’autres se trouvent belles tout simplement. Pour certaines, enfin, le Souti1 participe au travail d’acceptation d’une nouvelle image, voire un argument militant. Dans tous les cas, il sera ce que chacune en fera. Il ne m’appartient plus.

Propos recueillis par Catherine Cerisey

Pour en savoir plus : Le site du souti1