Les malades atteints du cancer s’interrogent légitimement sur leur vulnérabilité face à la grippe A. La réponse à leur apporter fait en ce moment débat dans les centres d’oncologie. Si l’on s’achemine vers une vaccination massive des personnels soignants, la nécessité de vacciner ou non les patients est beaucoup moins évidente. Point sur la vaccination et sur l’accès au traitement par Tamiflu en cours de chimiothérapie.
. Vaccination au cas par cas
A défaut de réponse collective à ce jour, les différents centres d’oncologie cherchent chacun de leur côté la meilleure réponse face à la menace de pandémie de grippe A (H1N1).
Il semble que la nécessité de vacciner en masse toutes les personnes vulnérables fasse débat. Certains s’interrogent ainsi sur l’utilité même du vaccin. « Si l’on pose comme préalable que sous chimio les défenses immunitaires sont mises à mal, l’efficacité d’un vaccin est donc logiquement limitée », constate le Professeur Laurent Zelek, Professeur des Universités, praticien hospitalier en oncologie à l’hôpital Avicenne. De fait, un vaccin consiste à introduire un agent extérieur à l’organisme afin de créer et stimuler les défenses naturelles de l’organisme… « Mais pour certains spécialistes d’immuno-infectiologie, la vaccination pour des personnes en cours de chimio serait préférable à rien », poursuit-il. Pour d’autres, la question même de l’immunité fait débat.« La plupart des patients avec un cancer ont une baisse très modeste de l’immunité et ne sont pas plus à risque que la population générale », revendique le Docteur Paul Cottu, Chef de service de l’Hôpital de jour à l’Institut Curie. Bref, en l’absence de consensus sur la question, on y perdrait presque son latin. La réponse la plus cohérente reste, comme l’explique le Dr Paul Cottu, « du cas par cas ».
. Traitement au Tamiflu
En revanche, il semble admis que toutes personnes malades qui présenteraient les symptômes de la grippe A (fièvre supérieure à 38 °, courbatures, difficultés respiratoires, grande fatigue) pourront être soignées par Tamiflu ou Relenza. A priori, ces traitements ne posent pas de problèmes d’interférence avec les chimio. Reste que le diagnostic ne sera pas toujours aisé à poser. En effet, les chimio entrainant une aplasie (chute des globules blancs) peuvent aussi engendrer des poussées de fièvre. Là encore, il reviendra au médecin d’établir le meilleur diagnostic possible.
Enfin, les oncologues réclament d’urgence des directives collectives. « En cas de pandémie, il est hors de question que nous ayons un afflux de malades dans les services d’oncologie, alerte le Professeur Laurent Zelek. Il faut absolument que soit défini dès maintenant une bonne coordination avec les médecins traitants, pour savoir notamment qui doit rester au domicile ou être conduit à l’hôpital ».
En attendant, pourquoi ne pas adopter la maxime de cet oncologue : « il faut être raisonnablement vigilant sans devenir exagérément inquiet ». Anouchka
Pour en savoir plus : www.sante.gouv.fr et www.hscp.fr
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