Souvent, l’été passé, on range la crème solaire avec les maillots de bain et on ne la ressort plus de l’année. Or, les dangers d’une exposition trop grande au soleil persistent. Les explications de Georges Reuter, président du Syndicat National des dermatologues vénéréologues.
LMC : Quelle est l’évolution démographique des cancers de la peau?
G. R: Il y a une augmentation constante des cancers de la peau depuis quinze ans. Elle est due mécaniquement à l’allongement de la vie, mais aussi à une exposition au soleil sans protection. Toute une génération qui a attrapé des coups de soleil dans l’enfance et l’adolescence développe aujourd’hui des carcinomes. Ceux-ci touchent plutôt une population âgée; les mélanomes, eux, concernent toutes les tranches d’âge. Les habitants du Nord-Est sont davantage touchés car leur peau pâle les rend davantage sensibles aux risques. Les personnes qui ont abusé de ce que j’appelle le “soleil en boîte”, c’est-à-dire les cabines de bronzage, sont aussi concernées. Le rôle cancérigène de ces cabinets a été reconnu tardivement, malheureusement.
LMC : Comment expliquer la persistance de ces comportements à risque?
G.R.: Le fait d’être hâlé reste un signe de beauté et de bonne santé. Il n’y a qu’à regarder les affiches publicitaires. Il faut être bronzé! C’est aussi le signe que l’on peut se permettre de partir en vacances au soleil, au ski. C’est un retournement par rapport au XIXe siècle, où la peau blanche était le signe d’une appartenance aux classes aisées, ne travaillant pas à l’extérieur.
LMC : Comment organiser efficacement la prévention en ce domaine?
G.R.: Le Syndicat des dermatologues vénéréologues mène des campagnes de prévention depuis bientôt douze ans, avec des actions dans les écoles et les lycées. L’information commence à être mieux connue. Les adultes protègent généralement leurs enfants du soleil. Malheureusement, cette protection prend fin à l’adolescence. Or il est crucial de continuer à se prémunir contre une exposition trop grande à ce moment-là. Nous ciblons également les professions à risque: charpentiers, agriculteurs, qui passent beaucoup de temps en extérieur. Nous organisons une journée nationale de dépistage qui permet de détecter très en amont d’éventuelles anomalies, et qui est aussi un moyen de sensibiliser le grand public aux risques. Le soleil n’a pas que des effets négatifs: il permet par exemple la synthèse de la vitamine D. Mais un quart d’heure d’exposition quotidienne sur le visage et les avants bras suffit.
Propos recueillis par Claire Aubé