Apres l'ablation, le choix de la prothèse | la maison du cancer

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Environ 20 000 femmes subissent une ablation du sein chaque année. 85 % d’entre elles vivront dès lors avec un corps asymétrique. Au quotidien, ces « Amazones » recourent à des prothèses du sein. Celles-ci doivent être bien adaptées afin de donner le change esthétiquement et éviter les douleurs musculaires dues au déséquilibre de la poitrine. Conseils pour bien choisir.

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Quel terrible protocole que celui qui exige l’ablation d’un sein… Un scénario de film d’horreur vécu tous les jours par des femmes pour qui la mastectomie (ablation) rime avec mutilation. D’après les chiffres du PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information), 20 000 patientes subissent une ablation chaque année en France. Contrairement à ce que l’on pense, seulement 15 % d’entre elles se font reconstruire.  On estime ainsi à environ 250 000 le nombre de femmes «asymétriques ».  Dans ce difficile parcours des Amazones, comme elles se sont elles-mêmes rebaptisées, le choix de la « bonne » prothèse est essentiel à leur confort de vie.

Et c’est d’abord dans la chambre d’hôpital que le problème se pose. Comment sortir avec ce manque, ce trou béant en lieu et place du sein enlevé ? Dans certains centres, le personnel hospitalier ou des bénévoles de l’association Vivre comme Avant (Mouvement d’aide morale aux femmes qui subissent une intervention du sein) fournissent  gratuitement des prothèses provisoires. Remplies de mousse ou de coton, elles se glissent dans le soutien gorge. Elles sont légères et souples et évitent toute pression sur la cicatrice.

Dès le feu vert du chirurgien, environ 6 à 8 semaines après l’opération, il faut changer cette prothèse trop légère pour une prothèse définitive en silicone (de 70 à 220 euros), remboursée en partie (69 euros) par la sécurité sociale. Car au delà de l’intérêt esthétique, les prothèses pallient aussi, dans le cas d’une forte poitrine notamment, à d’éventuels problèmes dorsaux, cervicaux, lombaires ou musculaires dus au déséquilibre induit par la perte du sein.

Dans des boutiques spécialisées, des vendeuses conseillent les femmes dans un choix qui s’avère délicat. L’essentiel est de prendre son temps pour trouver la « bonne » prothèse. Maître mot : il faut se sentir le mieux possible. Avec essentiellement deux critères de choix, le poids et la forme. Si la poitrine est lourde, la prothèse ne doit pas être trop légère pour ne pas créer de déséquilibre. Certaines femmes jongleront avec plusieurs prothèses, dont une plus légère par exemple pour faire du sport. Ensuite, toutes les formes -pomme, poire, etc – de prothèse existent. Elle doit donc être la plus conforme possible à l’autre sein. L’avis d’un proche, mari ou amie, peut être d’un précieux recours. Les prothèses ne concernent pas seulement les femmes qui ont subi une mastectomie. En cas de tumorectomie ou de quadrantectomie (ablation de la tumeur), l’achat d’une prothèse peut se révéler indispensable face à un déséquilibre inesthétique entre les deux seins. Pour y pallier, il existe des prothèses compléments qui peuvent redonner au sein opéré le galbe perdu.

 Mais une prothèse peut peser très lourd et être responsable de douleurs à l’épaule ou dans le haut du dos. Aujourd’hui, il existe de nouveaux modèles de prothèses adhésives ou adhérentes à la peau, qui, solidaires du buste, ne pèsent plus sur la bretelle du soutien gorge. Il faut néanmoins attendre 3 mois après l’arrêt complet des traitements (chimiothérapie et radiothérapie) pour pouvoir l’utiliser. Elles offrent, d’après leurs utilisatrices, une grande liberté et un confort non négligeable.

 Si  les prothèses ne remplacent bien sûr jamais le sein perdu, bien choisies, elles permettent de faire parfaitement illusion habillées et même en maillot de bain. Les soutiens gorges et maillots de bain adaptés, avec une petite poche pour y glisser la prothèse, évitent qu’elle se désolidarise du corps et permettent en outre, de pratiquer tous les sports.

Il n’empêche, l’ablation reste une étape difficile. Elle exige une période plus ou moins longue d’adaptation psychologique. Certaines femmes finissent par s’approprier ce corps asymétrique, et à l’assumer relativement sereinement. Comme Cathie, amazone depuis 10 ans qui évoque ainsi sa maladie dans son blog : “cancer tu ne m’as pris ni ma vie, ni ma féminité”. 

Catherine Cerisey