Si elles étaient assises cote à cote dans le métro ou au cinéma, elles ne s’adresseraient pas la parole. A peine se jetteraient-elles un regard furtif. Dans la capitale, on ne se parle pas si facilement entre inconnus. Ici, dans ces salles en attente de leur chimio, elles sont autres, toutes reliées par le fil de la maladie.
Cette patiente se lève et demande à sa voisine de lui coller son patch anesthésiant ; une autre interpelle celle-là pour savoir où elle a acheté sa perruque. Dans un coin, deux malades papotent, doucement. Elles se racontent leurs misères respectives, des petits troubles aux grands maux. Sans fard, elles abordent des sujets aussi intimes que les tribulations de leurs intestins, la désolation de leurs cheveux perdus, etc… Entre femmes « perruquées », on se comprend. Chacune avec son tempérament. Bien sûr, il y a toujours les râleuses exaspérées par l’inexorable attente, les égoïstes qui, totalement indifférentes à la souffrance de l’autre, déversent leurs affres en rafale. Mais à bien y regarder, elles ne sont pas si nombreuses. En réalité, elles sont pour la plupart dignes, courageuses et soucieuses de partager leurs expériences pour aider leurs compagnes. Un bel exemple de solidarité humaine. Anouchka