Relaxation, méditation ou sophrologie ? | la maison du cancer

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La relaxation, la sophrologie ou la très en vogue méditation de Pleine Conscience (mindfulness) s’inscrivent dans le cadre des soins de suite aujourd’hui proposés aux malades. Mais qu’est-ce qui distingue l’une de l’autre ? Nous tentons d’y voir plus clair, avec l’aide du Dr Yasmine Liénard, psychiatre et spécialiste de la mindfulness MBCT(1).

 

Points communs

Que vous pratiquiez la méditation, la relaxation ou la sophrologie, ces trois techniques consistent à prendre du temps pour soi afin de se recentrer sur son expérience, plutôt que se laisser entraîner par son

pilotage automatique mental ou les stimulations extérieures.

Toutes trois amènent  à un état de conscience modifié afin de mieux vivre l’instant présent.

Avec chacune d’elles, on va prendre conscience autrement de la réalité du moment, par le biais d’expériences sensorielles profondes et par le corps qui, en se relaxant, apaise l’esprit agité. Ainsi il nous aide à percevoir d’autres pans de la réalité que nos représentations habituelles. Ceci est  l’occasion de se connecter à une connaissance profonde et sage qui souvent nous aide à trouver de meilleures ressources pour prendre soin de soi.

La relaxation

La technique. Il existe deux grandes méthodes de relaxation : la méthode Jacobson et le training autogène de Schultz. La première est basée sur une série de contractions/détentes musculaires, la seconde sur des sensations de chaleur-pesanteur-présence dans les membres, le plexus solaire et la tête. Dans les deux cas, toutefois, la respiration est lente et profonde.

Le but. Parvenir à un relâchement musculaire propice à la détente. Il est ainsi possible de lutter contre le stress et mieux récupérer après les différents traitements.

La sophrologie

La technique. Très inspirée des techniques de méditation orientale, la sophrologie est une technique qui vise à harmoniser le corps et l’esprit en étant guidé par la parole (du grec sos=harmonie, phren=conscience, et logos=la parole). La sophrologie utilise la détente physique, le recentrage et la visualisation. (cf voir notre article : la sophrologie mode d’emploi. )

Le but. Etre présent à soi et apaiser les sensations et les états douloureux. La sophrologie propose de se relaxer en se  projetant dans des images positives que l’on est allé chercher dans ses propres représentations avec l’aide du sophrologue. Elle est souvent proposée en soin de soutien pour lutter contre la douleur et reprendre conscience de son corps, après par exemple des interventions chirurgicales mutilantes.

La Mindfulness (MBCT et MBSR)

La technique. Dans la méditation de Pleine Conscience, on porte également attention au corps maissans chercher à atteindre un état particulier de détente. Le simple fait de “laisser être” une douleur, une tension, d’apprendre à l’accueillir en lui donnant de l’espace, de ne plus lutter et se crisper contre, va diminuer le stress, les ruminations négatives associées qui ont tendance à amplifier la douleur et les états émotionnels associés. Ainsi, par l’apprentissage de l’acceptation, les sujets découvrent qu’accepter n’est pas se résigner, qu’ au contraire le stress diminue, les douleurs sont moins destructrices et l’humeur s’améliore. La relaxation   n’est pas recherchée dans la méditation, mais elle survient naturellement avec l’apaisement du mental. La MBSR (Mindfulness Based Stress reduction programm) utilise des techniques de méditation et de relaxation, la MBCT (Mindfulness Based Cognitive Therapy) enseigne la façon dont le mental fonctionne, dont des ruminations se forment, et les méthodes pour les tenir à distance. (voir notre article sur la maison du cancer)

Le but. Les deux branches de la mindfulness ont fait l’objet de nombreuses études scientifiques et ont chacune été validées pour des indications différentes. La MBSR est proposée de préférence dans le contrôle du stress et la lutte contre la douleur. La MBCT dans les rechutes de dépression.

Précautions à prendre

– La relaxation ne convient pas à tout le monde : les personnes très anxieuses ou hyperactives peuvent se sentir d’autant plus agacées par une séance de relaxation qu’elles ne parviennent pas à lâcher prise.

–  La sophrologie, en séance individuelle, doit être menée par un praticien bien formé et possédant une solide expérience clinique, car elle peut entraîner une régression de la personne et donc une fragilisation émotionnelle qu’il faut savoir accompagner.

– En cas de schizophrénie, de dysmorphobie (crainte imaginaire d’un défaut physique) ou d’angoisses liées au corps, mieux vaut éviter ces approches ou les réserver à des accompagnements individuels réalisés par des psychiatres ou des psychologues. 

– Dans tous les cas, les séances  de groupe peuvent être très utiles car l’effet « groupe » est un soutien affectif mais aussi, lorsque les intervenants témoignent de leurs expériences, les mots des autres peuvent nous encourager ou nous aider à voir plus clair dans nos propres difficultés et ainsi accélérer les prises de conscience qui font changer.

Pour aller plus loin: l’ouvrage de Yasmine Liénard, “Pour une sagesse moderne, les psychothérapies de 3e génération” (Odile Jacob)

Isabelle Palacin 

(1) la MBCT = based on cognitive Therapy/ basée sur la thérapie cognitive.

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