Chapeau, casquette, vêtements et écran total sur les zones exposées, voici les règles d’or à respecter lorsque l’on est en chimio en été. Le Docteur Christine Mateus, dermatologue à l’Institut Gustave Roussy, détaille les risques encourus et livre ses conseils pour éviter de pénibles, voire graves, effets secondaires.
Interview du Docteur Christine Mateus, dermatologue à l’Institut Gustave Roussy
LMC : quel type de réactions le soleil peut-il engendrer chez les patients sous chimio ?
Il existe plusieurs niveaux de toxicité avec le soleil.
. Les molécules phototoxiques qui vont entrainer des réactions de type « coups de soleil » très importants pour une exposition et une durée d’exposition moindre. Cette réaction se limite aux zones exposées. Mais il faut savoir que cette photo toxicité peut intervenir à n’importe quel moment, même un an après le début de la chimio.
. D’autres molécules provoquent (plus rarement) une réaction photo allergique, qui intervient généralement au début du traitement. C’est une réaction également de type « coup de soleil » qui démarre sur les zones exposées puis se généralise au reste du corps. Dans ce cas, il faut appeler son oncologue car cette réaction allergique nécessite une vérification de l’absence d’allergie plus générale, avec retentissement sur les lignées sanguines, le foie ou le rein, ce qui nécessiterait l’arrêt du traitement.
Enfin, certaines chimiothérapies peuvent en dehors de toutes expositions solaires pigmenter la peau. Cet effet secondaire va être majoré par les expositions solaires, avec l’apparition de tâches brunâtres, disgracieuses et non homogènes, souvent définitives ou très lentement régressives.
LMC : comment se protéger au mieux pour éviter ces conséquences graves sur l’organisme ?
On ne peut pas demander aux patients de vivre totalement sans soleil. Mais en revanche, ils doivent être très disciplinés. La protection la plus efficace est vestimentaire lorsque l’on va au soleil. Et même à l’ombre car on est exposé aux UV ! Pour toutes les zones exposées (visage, mains, etc), il faut impérativement mettre un écran total, indice 50 : appliquer sur le corps l’équivalent d’une petite balle et sur le visage d’une grosse olive, et ce à renouveler toutes les trois heures. Il faut donc prendre l’habitude d’appliquer son écran total, matin, midi, et après midi. Et ce, sans relâche !
Propos recueillis par Anne-Laurence Fitère
Type de chimio, effets secondaires, les molécules concernées
PHOTOALLERGIE |
eczéma ou réaction lichénoïde |
mithomycine C taxanes capécitabine 5 fluorouracil / tégafur interleukine 2 |
pseudodermatomyosite / lupus induit ou exacerbation d’un lupus |
hydroxyurée 5 fluorouracil / tégafur / uracil-tégafur interféron α tamoxifène |
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PHOTOTOXICITE |
photosensibilité aux UV ou à la radiothérapie |
méthotrexate 5 fluorouracil / tégafur hydroxyurée mithomycineC vinblastine actinomycine D anthracyclines dacarbazine / procarbazine |
pseudo porphyrie cutanée tardive |
hydroxuyurée cyclophosphamide-ifosfamide méthotrexate cisplatine |
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hyperpigmentation des zones photoexposées |
5 fluorouracil daunorubicine hydroxyurée / cisplatine / mitoxantrone |
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dermite de rappel |
anthracyclines taxanes actinomycine D méthotrexate cyclophosphamide 5 fluorouracil vinblastine étoposide bléomycine gemcitabine (doses > 600 mg/m2 ) cytarabine melphalan hydroxyurée tamoxifène |
Source : IGR Docteur Mateus