Le marché des peintures écologiques a explosé. Difficile, pour le bricoleur du dimanche, de faire la différence entre une peinture dite écologique ou une peinture naturelle. Artisan et auteur de Peintures et enduits bio (1), Bruno Gouttry nous éclaire sur les produits les moins nocifs, qu’il privilégie depuis dix ans.
• Les peintures synthétiques
Des pigments pour la couleur, des charges pour donner du corps, des solvants pour étaler, des liants et quelques adjuvants (épaississants, siccatifs…). Tels sont les ingrédients classiques d’une peinture, derrière lesquels se cachent bien souvent de nombreux composants chimiques nocifs.
Les solvants des peintures synthétiques, c’est-à-dire dérivées de l’industrie pétrochimique, libèrent dans l’habitat des composés organiques volatils – les fameux COV – et ce longtemps après l’application. Même la peinture dite à l’eau en contient (éthers de glycol), certes en moindre quantité que les peintures à l’huile (toluène, styrène…).
Entre 2012 et 2014, les peintures et les vernis seront soumis à un étiquetage obligatoire sur ces émissions en polluants volatils, tout comme les produits de construction et d’ameublement, les revêtements muraux et de sol.
• Les peintures écologiques
Elles se reconnaissent à l’Ecolabel européen ou au label NF Environnement. « Certains peintres se prétendent éco-artisans en utilisant ce type de produit, constate Bruno Gouttry. Ces peintures limitent certes la pollution de l’air par les solvants et sont exemptes de métaux lourds, mais elles n’en demeurent pas moins issues de la pétrochimie. D’où la nécessité de se documenter avant de commencer ses travaux. C’est un peu la même démarche que dans l’alimentation bio : il ne faut pas céder à la facilité, il faut se méfier du greenwashing et autres étiquettes vertes ! »
• Les peintures naturelles
Outre leur impact très limité sur la pollution intérieure, les peintures naturelles ont l’avantage de consommer moins d’énergie à la fabrication que les peintures issues de la pétrochimie. Elles sont à base d’eau ou d’huile et n’utilisent que des composants d’origine naturelle : charges d’origine minérale (craie, argile, chaux, silicates…) ; pigments minéraux ou végétaux, garantis sans métaux lourds. Quant aux liants, ils proviennent de résines de conifères, de la propolis, d’huiles végétales ou de caséine (un sous-produit du lait).
« Les peintures à l’huile naturelles doivent être diluées avec une essence à base d’agrumes, d’eucalyptus, de cèdre, de thym… C’est une odeur forte, qui oblige à ventiler la pièce, mais c’est justement moins dangereux que certains solvants de synthèse sans odeur », précise Bruno Gouttry.
De même, ces essences peuvent contenir des terpènes allergisants, mais sans gravité. Il suffit de consulter la liste des ingrédients sur l’emballage pour s’en prémunir.
« Il est important de respecter le temps de séchage, généralement plus long que celui des peintures synthétiques (24 heures contre 6 à 12 heures) », poursuit Bruno Gouttry.
Quant au choix des teintes, il est plus restreint dans la mesure où les peintures naturelles ne représentent que 5 % du marché. Mais il existe tout de même plus de mille teintes naturelles différentes.
• On trouve-t-on les peintures naturelles ?
Dans les boutiques de matériaux naturels, dans les coopératives bio et certaines drogueries. La plupart des fabricants de longue date proposent une vente par correspondance efficace via Internet.
Catherine Levesque
* éd. Terre Vivante (18 €).
Site de Bruno Gouttry
Quelques marques :
Auro
Biofa
Livos
Nature et harmonie